dimanche 15 décembre 2013

Pourquoi je ne pourrais jamais dire du mal du Hobbit de Peter Jackson.


Hi.
How long old chaps?

Je voulais faire un article sur le fait de vivre avec 3 chats. Ce qui aurait été fort rigolu, et plein d'anecdotes.
Mais en fait, non.
A la place je vais faire un article sur le Hobbit de Peter Jackson.


Attention, il y aura du spoil.
Mais d'un autre côté il n'y aurait aucun spoil si vous lisiez les livres.
Hu.
Les gens qui regardent les films adaptés et qui disent après "non mais j'ai pas besoin de lire le livre j'ai vu le film"...
Ces gens là méritent la mort, et ne méritent pas le droit de critique scénaristique.
(Comment ça je suis dure? Le nombre de pégus qui m'ont pété les roudoudous avec les films Harry Potter sans avoir lu une page des livres méritent d'être attachés à une chaise devant toutes les saisons de Hollywood Girls.)
(c'est cruel.)
(Je suis cruelle.)

Moi au mieux de ma forme.

Et en ce qui concerne Le Hobbit de Peter Jackson, il vaut mieux aussi être un peu au courant de l'oeuvre de Tolkien dans son intégralité, parce que le film est bourré de références...

J'ai décidé de faire cet article suite à une mode assez pénible en ce qui concerne le cinéma, et les médias de masse.
Il est de bon ton en ce moment de dire qu'un film "trop grand public" est "nul" ou "facile".
Tout le temps. S'il ne s'agit pas d'un film danois qui passe dans quelques salles en version originale, c'est un mauvais film.
Il n'y a gère que Tarantino pour avoir encore les égards des hipsters du cinéma, et encore, il commence à s'en prendre sévèrement plein la poire.

Peu de gens sont capables d'apprécier un film pour ce qu'il nous a apporté d'amusement. Peu de gens sont capables de se laisser emporter dans un univers en faisant fi de quelques incohérences au service du divertissement.
La magie du cinéma est en train de crever sous les bottes sans pitié des hipsters de seconde zone, et ceux qui se laissent émerveiller sont traités comme des débiles.

Je me permet de m'insurger quelque peu.
A l'ère du tout numérique et de l'image de synthèse il est certes plus "facile" de créer des robots géants et des dragons, mais, je me souviens aussi que étant petite, j'ai vomi des arcs en ciels devant les merveilles qu'étaient les dinosaures de Spielberg. Et pourtant (j'ai lu le livre) (il y en a un) le scénario n'est pas un chef d'oeuvre non plus. C'est un fourre tout du bouquin de manière efficace, qui prends les bons partis pris.
Et petite, je pense que j'aurais tué pour voir le dragon Smaug tel que je l'ai vu mercredi.

Je n'ai pas perdu ma faculté à rêver.
Je suis sensible à la fidélité à un récit d'origine.
Mais je comprends aussi les partis prit cinématographiques.
Et honnêtement, si vous voulez un film fidèle au bouquin dans tout ses aspects, filmez les pages du livre, les mecs.

Bien.
Donc.
LE HOBBIT!


Honnêtement, le Hobbit m'a redonné la foi que j'avais doucement laissé crever après mon échec du concours de l'école de Luc Besson.

Je me suis sentie à nouveau gamine.

Quand j'avais onze ans, en 2001, ma mère (bénie soit-elle), m'a emmené voir le Seigneur des anneaux, la communauté.
Ce jour là, ça a fait un truc dans ma poitrine.

Comment est-ce que je pourrais retourner à la vie réelle après ça?
Il existe donc autre chose que la chiante réalité?
On peut aspirer à mieux? Il y a des gens derrière ces films?

J'ai commencé à écrire, à apprendre l'elfique (je l'ai parlé. Le Quenya, le latin des elfes. Je maîtrise moins le Sindarin, la langue des hauts elfes. Il faudrait que je m'y mette. Mais bon... ), à créer des scénarios, à dessiner des dragons...
Et je n'ai jamais arrêté.

Surtout que ma mère, (que les Eldars la gardent), m'a mit dans les mains juste après que j'ai vu "La Communauté" la trilogie écrit de Tolkien.
Bon, j'avoue que se farcir le Seigneur des Anneaux à onze ans est assez indigeste, que je n'ai pas comprit toutes les descriptions à l'époque (Tolkien est un universitaire, il écrit comme un conférencier, et ça se sent.), et que si je n'avais pas été happée par les films je n'aurais probablement jamais lu les livres à l'époque.

Mais les films m'ont ouvert la porte sur la Terre du Milieu.
Et ça m'a fait ça:



Wuiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!! \o/
J'ai pleuré comme une madeleine pendant le film et pendant le livre quand Gandalf est tombé, j'ai tremblé avec la communauté, j'ai adoré les passages avec les elfes, je me suis attachée aux personnages...
Quand j'ai ouvert le deuxième tome et que j'ai vu que Gandalf revenait j'ai poussé un cri de joie sur ma chaise et je suis allée voir ma mère pour lui dire que j'étais tellement contente qu'il ne soit pas mort.
(Elle a sourit gentiment mais je crois qu'elle a commencé à soupçonner qu'on m'avait enlevé une case du cerveau pour la remplacer par l'Anneau unique.)
J'ai eu peur du Roi sorcier, j'ai frémit devant les orcs et devant Arachne, j'ai trouvé Sam très courageux, et j'ai adoré tout le livre.

Et puis, soyons honnêtes.
Vous avez trouvé que la fin du Retour du Roi en film était longue?
...
Elle m'a prit une semaine à lire.
(je crois qu'elle s'étale sur plus d'une centaine de pages.)


C'est seulement après que tout le fatras Seigneur des Anneaux soit retombé au niveau des médias que je me suis tournée vers le Hobbit.

Je collectionnait les stickers Seigneur des Anneaux, les figurines Seigneurs des Anneaux, les posters Seigneurs des Anneaux, etc, etc, etc... Et quand ma mère (que la grâce des Valars l'accompagne), la glorieuse Queen Mom, m'a apprit que Tolkien avait écrit d'autres livres, joie, d'autres livres traitant de la Terre du Milieu, je lui ai demandé par lequel commencer.
La Terre du Milieu, ses personnages, son histoire, pulsait au fond de moi, je me sentais chez moi parmi ses personnages, que je décrivais comme de vieux amis, et il existait d'autres histoires sur ce monde, d'autres histoires que je ne connaissait pas. Inadmissible. Je DEVAIS en lire plus.


C'est là qu'elle m'a passé son exemplaire du Hobbit.
(Que je lui ai volé depuis et qui est dans ma bibliothèque. )
(Pardon Mom, mais il est bien, parmi sa tribu, entre le Silmarilion et les Contes et Légendes Inachevées.)

Et donc, ça a commencé.
"Dans un trou vivait un Hobbit."

Je me suis laissée entraîner, au fil des pages, dans cette histoire d'un petit hobbit de la Comté qui partait à l'aventure, chasser des dragons, se battre contre des trolls, rencontrer des elfes...

Un conte pour enfant. Une histoire merveilleuse. Mais avec cette tension sous jacente. L'anneau. Celui du seigneur des ténèbres.


Néanmoins, l'histoire, par rapport au Seigneur des anneaux m'a semblé vraiment simple. Dépouillée. Très enfantine.
J'ai appris plus tard que c'était le premier des grands travaux de Tolkien sur sa propre mythologie, et que de cette histoire, il avait brodé tout son panthéon, basé sur des dieux nordiques, sur des anciennes sagas, et des langues parlées depuis des centaines d'années.

Le Hobbit était donc pour Tolkien, un point de départ sur lequel il n'a jamais cessé de revenir. Un point de départ pour une fresque autrement plus sombre, et dense.

J'avoue que j'ai longuement espéré qu'une adaptation du Hobbit se ferait.
Et que lorsque j'ai apprit que, oui, ça se ferait...
J'étais un peu genre...


YEAH!!
GO BACK HOME!!
Je repars en Terre du Milieu!!! A moi les Nains! Et Mirkwood!! ET SMAUG!!! OMFG§§§ SMAUG AU CINEMAAAAAAA§§§§§
(à ce point là il a fallut me ranimer.)

J'avais vu quelques un des autres films de Peter jackson (notamment le WTF-esque Lovely Bones qui a presque forcé mon amie fan du bouquin à s'ouvrir les veines, mais je sais pas, je l'ai pas lu, j'ai juste trouvé le film pas assez rythmé, donc je m'abstient de commentaire), et le magnifique King Kong, largement sous estimé.

Petit aparté:
Le premier King Kong est un des tout premiers films que j'ai vu. Je le connais par coeur. Je sais que ce film obsédait Peter Jackson et qu'il avait en projet de l'adapter depuis environs.... toujours.
Ben, écoute, GG mec. J'ai que ça à dire. Admirable boulot.
Le problème c'est que ce film n'a pas plut parce que c'est un film de cinéphile pour les cinéphiles. Tant pis.

Et donc, je faisais plutôt confiance à Peter Jackson pour ce qui était de l'adaptation, mais je me demandais comment il allait faire pour adapter un si petit livre, et surtout COMMENT il allait tenir le changement de ton entre:
Seigneur des anneaux: AGREUGREU, méchant, tristesse, mort, violence, plus d'espoir, saga, greuuuuuuu.
Et:
Le Hobbit : Trouloulou, conte pour enfant, tralala, des héros, des nains rigolus, hihihi.
(bon je suis méchante, ya quand même une bataille, mais sinon...)


Mais comment? COMMENT ?

Et puis j'ai vu les trailers.
Et j'ai capté.
Peter Jackson allait prendre le parti de Tolkien.

Le Hobbit est très léger par rapport au reste de l'oeuvre de l'écrivain, car, en quelque sorte, c'est une ébauche, un point de départ dont nait tout le reste.
Sans reprocher cette légèreté à son premier roman (et en cela, je paraphrase Christopher Tolkien, le fils, qui est celui qui fait un travail de fourmi depuis des années en rassemblant les oeuvres éparses de son génie de père), Tolkien n'a eu de cesse d'y revenir sans cesse dans ses autres écrits, de l’étoffer, de créer des backgrounds à ses persos, et de leur attacher une mythologie, se servant même de certain de leurs noms comme leviers linguistiques pour ses dictionnaires des langues de la Terre du Milieu.

En réalité, si on veut adapter Bilbo par Rapport au Seigneur des Anneaux, on est obligé de prendre en compte tout ce qui a été écrit après. Car dans le Seigneur des anneaux, tout est expliqué, les personnages ont une origine, une histoire. Pas dans le Hobbit.
Tout ça a été écrit après.
Ne serait-ce que le Roi des Elfes. Dans le Hobbit il n'a pas de nom.
Ou Thorin. Tout cette histoire sur pourquoi il veut récupérer son royaume et le destin de sa famille est à peine survolé dans le livre.
Après la complexité et la densité du Seigneur des Anneaux, faire le Hobbit tel quel sans sortir des sentiers du livre seul, ça aurait apporté un film complètement fade.
C'est ce que Tolkien savait dans ses livres et qu'il a corrigé tout sa vie.

C'est ce que Peter Jackson a prit en compte dans ses films.

Et c'est ce qui lui a valu qu'on lui tape sur la truffe.

Voici donc ma "review" "critique", "défense en justice" du Hobbit.

Je vais revenir sur les points sur lesquels on crache gratuitement chez ce film.
Le problème, avec le Hobbit, c'est que ce film est un film de fan de Tolkien. Et que ce film ne pouvait être réalisé que par un fan de Tolkien.
... Le même problème que King Kong, en fait.
Donc une grande partie de ce qui fait sa richesse et ses qualités sont pointées comme des défauts.

LES NAINS:


Il y en a Treize.
Les nains de la compagnie du Hobbit.
Pour les nommer, Tolkien s'est inspiré d'une liste de noms de Nains en Norroi qu'on retrouve dans l'Edda (ou dans la Voluspa, je ne sais plus où je l'ai lu.)
Et à l'époque du Hobbit de Tolkien, le chiffre de treize nains était surtout basé sur une symbolique mythologique.
Aucun des nains n'avait réellement de personnalité. Et certain n'avaient même aucune ligne de dialogue.
Je pense notamment à Gloin, le père de Gimli.

Une partie des "rajouts" de Peter jackson vient du fait qu'il a intégré les backgrounds des nains, créés à posteriori par Tolkien, à son film.

Et s'il ne l'avait pas fait, cela aurait été particulièrement chiant. Et on se serait retrouvé avec au moins 9 personnages inutiles et sans histoires ni lignes de dialogues.
(boooooooooooooooooring.)

D'ailleurs parlons de Thorin:




Son background est très développé dans le Hobbit de peter Jackson parce que son histoire est intimement liée à la Terre du milieu et aux évènements du Seigneur des Anneaux.
De plus, le canevas de son histoire, le fait qu'il succombe à l'avarice, et que ce soit son cousin Daïn qui reprenne son flambeau est un canevas fréquent dans les grandes sagas, et que Tolkien reprends souvent.
On voit ce schéma chez Boromi et Faramir dans le Seigneur des Anneaux.
Et dans une moindre mesure, et de manière plus tragique, chez Sméagol et son frère Déagol.

Les tentatives de reprises de la Moria, et l'histoire avec Azog le profanateur (qui n'est pas une invention de Peter Jackson, Azog ainsi que son fils Bolg sont des personnages créés par Tolkien) sont des histoires qui amènent le Seigneur des anneaux.
Car il n'est pas possible de ne pas mentionner ou de ne pas créer le lien avec le Seigneur des Anneaux quand on adapte le Hobbit.
Tout simplement parce que le pillier de l'histoire du Hobbit c'est...
L'Anneau tout simplement.
(Et l'Anneau, c'est Sauron. Rien de moins.)

Quand à la redite du "fils qui coupe la main du méchant" dans le combat de la Moria, quand Thorin coupe la main de Azog, ce qui fait miroir avec l'histoire d'Isildur dans le Seigneur des Anneaux, qui coupe la main de Sauron, ça encore, c'est un schéma mythologique cher à Tolkien. Ecrit par Tolkien.

Tout ces "rajouts" des histoires des nains n'en sont pas vraiment car ils sont en fait partie intégrante de l'histoire du Hobbit.


Yeah.

RADAGAST (et les magiciens):

Radagast le brun est un des Ishtaris, les magiciens de la Terre du milieu.
Dans la mythologie de Tolkien, ils sont des esprits envoyés par les Valars, créateurs des elfes, afin de guider la Terre du Milieu.
En réalité, Gandalf aurait du être le chef de l'ordre des Ishtaris, mais il a refusé ce pouvoir, préférant vagabonder sur la Terre du Milieu plutôt que commander.
(foutue Hippie.)

Quand à Radagast, il est mentionné dans le Hobbit.
Mais toute l'histoire dans la forteresse de Dôl Guldur se passe en réalité dans le Seigneur des Anneaux.

Néanmoins le propos du Hobbit était aussi de faire le lien avec les deux films.
Et Tolkien ne pose pas réellement dans le temps les évènements de la forteresse dans le Seigneur des Anneaux.
Par contre, dans le Hobbit, on note de nombreuses absences de Gandalf parti faire "des trucs de magiciens".
(C'est quasiment comme ça que Tolkien l'explique.)
(En mode "démerdez vous les mecs, j'ai golf magique avec Galadriel.")

C'est là que Peter Jackson a recollé les morceaux en remettant les parties d'exploration de Radagast dans la forteresse avec les "trucs de magiciens" que Gandalf est parti faire, ce qui permet aussi d'expliquer, par le biais de Radagast, la montée du mal en Terre du Milieu, car ce magicien est très lié à la nature.



Olé.
Le coup du traineau n'est pas inventé non plus.
Et ça, c'est un des trucs les plus cools du film, je trouve.

Bref, on voit avec l'exemple de Radagast que le Hobbit, plus qu'une adaptation simpliste du livre est en fait un tissage complexes de l'approche globale de la mythologie de Tolkien, dans une tentative de remettre en place les pièces d'un immense puzzle.

Et ce n'est pas si mal fait que ça.
On parle aussi souvent du WTF de la réunion chez les elfes entre Gandalf, Saroumane et Galadriel, mais en fait, ça permet de faire un point sur les enjeux du film et de lier le scénario, tout en mettant en opposition les forces en puissance.

Et Gandalf n'a jamais aimé Saroumane.
Ce qui est réciproque.
(Car Saroumane est une sale Putain d'Europe de l'Est.)


LES ELFES:
(WTF Tauriel, pourquoi Legolas, et gnagnagna.)



OUI, ils ont remis Legolas dans le film.
OUI, il y a Tauriel.
OUI, tout ça n'est PAS dans le livre.
Arrêtez d'essayer de vous ouvrir les veines avec un coupe papier. Vous êtes ridicules.

Donc.
Legolas EST le fils du Roi des Elfes de la Forêt Noire.
Faire un film dont 30% se passe dans la dite forêt, où on ne voit pas le fifils à Papa alors même qu'il est un personnage assez important dans le Seigneur des Anneaux, assez pour être envoyé comme émissaire de son peuple par Pôpa Thranduil, doublé d'un exceptionnel combattant, et que les elfes sont en guerre contre les araignées dégueulasses qui foutent le boxon dans leur royaume... Ne pas faire apparaître le fil super warrior, ça reviendrait à dire:
Le Hobbit:
"Legolas? Qui? Ah, oui. Il est allé cueillir des cailloux dans la forêt. Oui, alors qu'on est en guerre. Oui. Oui, c'est le Prince et le destin de son royaume se joue là maintenant. Mais il avait cours de licorne sur gazon, là. On peut pas tout faire."
Le Seigneur des Anneaux:
"C'est qui lui? Pourquoi il est pas dans le Hobbit? Il branlait quoi à la bataille des 5 armées? Pourquoi il était pas dans le palais de son père?"

Fils indigne.

(cf: la bataille des 5 armées, c'est la bataille à la fin de Hobbit. Les Elfes tapent sur les nains qui tapent sur les orcs qui tapent sur... Enfin bref. Gros bordel.)
(Le 12 décembre 2014 dans vos salles de cinéma.)
(Amenez le pop corn les biatches.)

D'autant plus que, pour le développement de l'histoire, les elfes sont considérés par Tolkien dans sa mythologie comme les êtres qui doivent, au début du monde, habiter la Terre du milieu, qui a été crée pour eux par les Valars.
Ensuite, la race des elfes décline, et ils laissent la Terre aux hommes afin de s'en retirer vers leur vrai maison, les Havres Gris, ou Valinor, de l'autre côté de la mer.

Dans ce contexte, faire un film qui reprends ma mythologie de Tolkien à la base, ce serait ni intelligent, ni judicieux, de ne faire apparaître qu'UN SEUL personnage elfe qui ait un vrai rôle.

Oui, hein.
Dans le Hobbit de Tolkien, le seul personnage du peuple "over méga trop important badass of the death" qui ait des lignes de dialogue, c'est Thranduil.
Et il a même pas de nom.

"Sans nom", le petit elfe mal aimé.
Quand à l'animosité palpable des elfes contre les nains et inversement, elle est est très présente dans le livre, mais est posée quasiment sans interactions entre les personnages.
Et en réalité, on la voit surtout à la fin du roman, et quand Thorin se retrouve attaché plusieurs semaines (oui) chez les elfes.
Alors oui, élipse narrative de Peter Jackson parce que le film est déjà assez long comme ça, et introductions de personnages afin d'explorer la psychée des elfes et les rapports qu'ils entretiennent avec les nains.

Qui est une chose, qui, de l'aveu de Tolkien, aurait du être fait dans le Hobbit.

Prends ça dans l'occiput, vil critique.

Quand à Tauriel.

Oui, Tauriel.
Tauriel est un ressort scénaristique pour expliquer l'animosité absurde des elfes et des nains, qui relève la difficulté de se lier de Legolas et Gimli dans le Seigneur des Anneaux, qui apporte un peu de douceur à ce peuple très fermé, et qui permet de faire avancer l'histoire.
Tauriel permet aussi de placer Legolas par rapport à son père, et permet d'expliquer les relations complexes que ce Roi entretient avec son peuple.
Car les raisons pour lesquelles Thranduil se radoucit à la fin du Hobbit sont à peine survolées  et ce personnage, quoi que très important dans la Terre du milieu est peu évoqué dans le Hobbit, qui se concentre essentiellement sur les nains.

Donc Tauriel n'est pas un WTF mais une invention qui reste très en accord avec la psychée elfique telle que décrite par Tolkien.

Quand à l'histoire d'amour, ou semblant d'histoire, qu'entretient Kili avec Tauriel, il s'agit plus d'une histoire de compassion qu'autre chose. D'autant que Tolkien explique que les nains sont des êtres sensibles à la pureté, et qu'il y a eu de nombreux cas de nains charmés par les elfes.
Comme Gimli est tombé tellement amoureux de Dame Galadriel à tel point qu'il lui demande en présent un de ses cheveux dans le Seigneur des Anneaux.

Si.

Et s'il devait y avoir une "histoire d'amour creepy", c'est en réalité Bilbo, dans le livre, qui tombe en émoi devant le Roi des Elfes. Il va jusqu'à lui offrir un collier après la bataille des cinq armées.
Il me tarde de voir ça dans le film, j'espère qu'ils l'ont gardé.


SMAUG:

Bien.

Je suis tombée amoureuse de ce dragon.

<3

Bien qu'en réalité, ce ne soit pas un dragon, mais une Vouivre, un dragon à 4 membres.
Mais ce parti prit ne me dérange pas.


Tu veux des gouttes?
Toi aussi tu m'a l'air d'avoir la paupière gonflée...

Je l'ai trouvé personnellement terrifiant, et je suis contente de l'avoir vu plus qu'il n'est mentionné dans le bouquin.
Où Bilbo fait quasiment tout le boulot tout seul, alors que les nains restent prudemment en arrière. Ce qui n'est pas non plus cohérent avec cette approche du scénario.

Smaug est directement inspiré des dragons des légendes Nordiques.
C'est un dragon intelligent et cynique.
Et il a une faiblesse, un écaille qui a sauté dans son premier combat contre les hommes.
Dans le livre, c'est parce qu'il s'est pas assez bien roulé dans son tas d'or et qu'il lui manque des pièces d'or autours de la poitrine.
C'est pas le même souague.

Mais ce parti pris des flèches noires permettait de faire du personnage de Bard un vrai personnage avec un vrai background, et personnellement j'approuve.

J'ai aussi entendu dire que Smaug était "trop bien" fait...
...
Oo


Je propose à ces personnes de ne regarder que des films comme "cowboys contre dinosaures", où les dinos étaient des marionnettes qui traînaient la queue dans la poussière. Ou éventuellement Willow, avec le dragon en go motion sale.
Puisque les effets spéciaux sont trop bien fait pour eux.
XD

BREF.

CONCLUSAGE:


Le Hobbit est un bon film.
Une adaptation osée et divertissante de multiples livres de Tolkien.
Avec des partis pris risqués pour combler un manque parfois évident de l'implication de l'écrivain. Sur lequel ce dernier est plus tard revenu.

En sachant que Tolkien revenait tellement sur son travail qu'il a laissé des notes à son fils pour que celui ci puisse tout réorganiser après sa mort, vu qu'il revenait trop lui même sur son travail pour le faire.

Oui, ben y'en a comme ça...

Les défaut qu'on lui prête sont souvent du au manque de connaissance de l'univers de l'auteur.
Mais bon, c'est vrai que c'est un film de pur geek pour les geeks de fantasy...
Peter Jackson n'est pas un réalisateur de blockbuster. C'est un réalisateur de films en forme de déclaration d'amour pour des univers qu'il chérit.


Et en tant que fan de Tolkien, je ne me sens ni trahie, ni vexée par ses choix scénaristiques, parce que je les comprends.
En tant que cinéphile, je ne me sens pas non plus insultée.
La façon de filmer de Peter Jackson reste efficace, et il adapte son style au grandiose de la situation.
Certes, c'est simple, mais j'approuve ces choix.

D'autant que le film est taillé pour le HFR, et que le regarder en basse résolution est dommage.
(après, bon, on a pas forcément le budget non plus...)


Voila.
Donc, pour terminer:

Ce film m'a fait retrouver la foi, mon envie d'écrire et de m'immerger dans mes propres récits, en suivant l'imaginaire qui m'a bercé, et m'a permit de me reconnecter à tout mon imaginaire.
J'ai adoré le voir sur grand écran, et je pense que j'y retournerai.

Ne serait-ce que pour plaisir de la voix de Smaug le terrible.





Bisous les petit roudoudous.
Et rappelez vous:
Pour un film comme ça, il faut des centaines de personne, de la passion, de l'implication , de l'amour envers son travail...
Ne jugez pas trop vite d'un simple "c'est de la merde" un travail de passion de plusieurs années.
(sinon vous méritez la corde.)
(rêche.)










lundi 18 novembre 2013

Je travaille dans un collège (et c'est ma joie.)


Bouyah.
Deux mois et quelques sans articles.
Yeah.
C'est parce que j'ai un nouveau taff, un projet photo qui me prend du temps...
Et surtout un nouveau taff, en fait...

Je.
Travaille.
Dans.
Un...
COLLEGE!

(stupeur et cotillons.)

Bon, en vérité ma réaction première quand j'ai trouvé ce boulot, ça a été plutôt de cet ordre:
Plus jamais de fast food de toute ma viiiiiiiiiiiie!!!
Wiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!
J'aime bien les gamins (assez pour ne pas les éventrer quand j'en croise), et j'ai bossé déjà avec des p'tits du 93 (riprisente!), alors autant dire qu'un boulot consistant à aller surveiller les gamins du bled de Pipou sur Cambrousse, tranquille.
J'étais un peu très contente.

Et ya de quoi:
20h par semaines, environs 600 euros (pour étalonnage, quand je bossais à Kique (fameuse enseigne belge de fast food), je gagnais entre 370 et 450 euros pour un peu plus de 15 par semaines.), plus ou moins nourrie gratos (ça coûtent pas cher) avec des repas équilibrés et préparés sur place, 3 jours de boulot dans la semaine, week ends de trois jours...
Et la majeure partie de mon boulot se passe à surveiller, et me promener dans la cours pour vérifier que les gosses ne se croient pas trop au cirque.

Mais le boulot d'Assistant d'Education (mon titre) (moins royal que Queen of Bones) (sublime déchéance) (surtout qu'en fait, ça veut juste dire "suveillant", quoi) c'est pas que se balader dans une cours, et courir après des gosses.
C'est tout un univers, parfois très compliqué, souvent très humain, fatiguant, et qui demande beaucoup de recul.

Bien.
'Splication!

L'entretient d'embauche.

J'avais pas vraiment été préparée à ça, en fait.
Mes premiers entretiens d'embauches se sont passés avec mon futur employeur qui me décortiquait des pieds à la tête pour juger si le combo oreilles percées/cheveux était pas trop effrayant pour ses clients.
Bonne ambiance.

Là, je me suis retrouvée en face des deux CPE (le chef des surveillants, en gros, la personne qui régit toute la vie scolaire et qui fait le lien avec les profs) qui m'ont dit qui, bien, très bien, je suis grande, ça impressionnera les gamins, ensuite, ok, très bien, j'ai fait des colonies de vacance, c'est cool, et sinon, vous faites des études? Très bien, on vous aménagera vos horaires. A bientôt mon petit.

(A ce point du récit, j'ai des déclaration d'amour à faire.
1 - Vorace. Merci. Merci d'avoir passé mon CV mec, t'es le plus gentil des gloutons que je connaisse.
2 - Madame ma CPE, je t'aime fort, tu es le meilleur boss possible. J'aime travailler pour toi. )

En gros, dans mon entretient d'embauche, on m'a jugé sur mes CAPACITES.
Pas sur ma tête.

Faith in humanity, partially restored. Fine.


L'équipe :


Dans mon collège (qui est un collège de ZEP, c'est à dire Zone d'Education Prioritaire, un de ces petits surnoms que l'éducation nationale aime bien saupoudrer tout partout pour se donner des allures intellectuelles sous des dehors de hipster poussiéreux) (une ZEP c'est un collège dans une banlieue qui craint. Là c'est une ZEP de la campagne... hardcore.) donc, dans mon collège, il y a environs 11 surveillants, les coupaings et moi même, et deux Assistants pédagogiques, qui eux font faire leurs devoirs aux gamins et les aident à progresser dans les matières où ils ont du mal.
(Bonne chance à eux.)
(J'irai leur poser une gerbe en Novembre prochain.)

Au dessus de ça, il y a la super chef, donc, notre CPE principale, et l'autre CPE qui n'est là que 2 jours par semaines. Mais tant mieux qu'elle soit là, même deux jours par semaine sinon notre première CPE aurait fait une rupture d'anévrisme devant tout le boulot qu'elle a.
Ou elle se serait ouvert les veines avec du papier à lettres à en tête "Pipou sur Cambrousse".
Ce qui n'est pas Swag.

De l'autre côté, il y a les profs.
Et je dis bien de l'autre côté, parce que un bon 90% des profs ne savent ni comment on s'appelle, ni ne communiquent avec nous.
Ils en ont rien à taper, nous ne sommes pas détenteurs du sacro saint savoir. (Je me suis même fait grincer des dents dessus parce que je monte un atelier pédagogique pour apprendre aux gamins à faire du dessin animé.)
Mais tout les profs ne sont pas comme ça. J'ai des potes profs, et y'en a avec qui on discute bien

Au dessus de tout ça, il y a la Principale adjointe.
Dit aussi: Le Dragon.
L'hydre de Lerne.
La terreur des Jeunes de Pipou sur Cambrousse.

... Bon, en fait, elle est super gentille.
Mais avec les gamins, elle a ce genre de regard, vous savez...


Voila.
Celui qui les fait pleurer.

Et par dessus ça, il y a le Principal.
Degrés d'effreyance: Zéro.
Il est gentil. Moi j'l'aime bien.

Bref, plein de gens pour plein d'élèves. Parce qu'à Pipou sur Cambrousse, ya toutes les cambrousses du coin, genre, Radis sur Troupaumé, Pécore des Prés, et Chateau Moussu, qui envoient leurs têtes blondes.
Du coup, paff, 700 élèves.

D'un coup, comme ça, taktak.

L'emploi du temps:

 Bon, alors c'est facile, soit on travaille du matin, soit d'après midi, ce qui inclut trois études, une récré, et le temps du midi où tout le monde doit être présent, pour pouvoir occuper tout les postes.
Donc ceux du soir arrivent vers 11h, ceux du matin finissent à 14h.
Sauf le puni, celui qui fait 3/4 temps, et qui fait une journée de bureau, à courir derrière les absences des gamins.
Nécessité : nerfs d'acier et concentration de moine shaolin.

C'est important d'avoir le maximum de gens le midi pour éviter que les mômes ne fassent trop n'importe quoi.
Jeu auquel ils sont TRES forts.

Moi, en général, je commence l'après midi.
A 11h de l'après midi.
(en général, c'est la fin de ma nuit, je souffre.)
Le seul truc chiant de ce boulot c'est qu'il est à 1h et demi de route de chez moi. Le matin j'ai toujours un moment de découragement. Mais bon, après je me souviens que je ne vais PAS bosser au Domac, et alors, joie sur mon coeur.

Du le matin, prise de poste, je vais remplacer mon/ma collègue en étude pour qu'il/elle aille manger parce qu'il/elle a l'estomac dans les talons depuis 7h du mat en général.

Du coup, premier temps d'étude.

L'Etude...
Au début on pense que ça va être l'enfer mais après trois semaines on arrive même à bosser pendant les études.

Dans la grande salle d'étude, il y a 50 gamins.
Qu'il faut gérer, empêcher de bavarder parce qu'à 50 c'est pas possible, à qui il faut dire de se retourner toutes les 4 secondes parce qu'il ont la mémoire à court terme d'un poisson rouge sous THC...


Même Loki ne saurait bosser dans cette ambiance...
Mais moi oui.
Take that, sassy bitch.

Non, sérieusement, les gamins ne savent pas ne pas se retourner pour aller marquer un mot à base de Kiss Lol Swag dans l'agenda du copain de derrière.
C'est nul à dire, mais l'étude c'est un lieu où les gamins qui ont, genre, une heure de route pour rentrer chez eux le soir, peuvent bosser tranquillou, et pour garantir à tout le monde un temps de travail le plus calme possible, on est obligé d'être méchants.

Même les plus gentils d’entre eux n'ont absolument pas la notion d'autorité, et de respect.
Au début de l'année, quand la nouvelle équipe avec moi dedans est arrivée, ils nous tutoyaient et nous prenaient pour leurs grands copains avant d'aller fumer dans les toilettes.
Jusqu'à ce qu'on leur dise que, ahahah, non mais il est hors de question que tu allumes ta clope ici, mon petit, tu as 12 ans, rends moi ça, file moi ton carnet, heure de colle, zoupla, vous ne passez pas par la case "observation" vous ne gagnez pas les 2000 euros.

Non mais ho.

Il y a des trucs auquel il faut se faire quand on est surveillant, c'est que les gamins:
1) nous prennent pour des flics.
2) vont tester absolument TOUT ce qu'ils peuvent pour transgresser les règles.
3) si on est trop gentil, on a aucune autorité, et on se suicide parce que 700 gamins se foutent de notre pomme.

Perso, ça va, les gamins, non seulement, je suis pas particulièrement gentille et permissive, mais en plus avec l'uniforme: vètements noirs/grand manteau/cheveux rouges et rasés/ pas de sourire sur mon visage de sale gothique de merde, et bien, ils ont peur de moi.
Ce qui me va parfaitement.


Mais quand ils viennent me parler, en général ils m'aiment bien.
Du coup, ironie, je suis la surveillante la plus salope du collège, et je me suis récemment faite traiter de "surveillante la plus sympa".
J'ai ricané.

Bon, sérieusement, j'aime bien les gamins, mais des fois ils me consternent.
Mais ce n'est pas encore le propos.

Après l'étude, il y a :

La Cour.

Telle la cour des miracles, ce lieu où batifolent ces petits chéris est le lieu de tout les possibles.

Ils jouent à "trappe-trappe", se font des bisous, se rencontrent, se disputent, se réconcilient...
...
Fument dans les toilettes, essaient de se tripoter en cachette, se tabassent, tout ça tout ça.

Sans rire, ils passent leur temps à essayer de se taper dessus.
Mais genre, violent hein, à coup de pied-bouche, balayette, manchette, tartiflette, quoi.
Stupides.

On fait remplir des rapports d'incidents, comme chez les flics, quand y'en a qui se tapent dessus. Ouaih, comme les flics, ouaih.
Pour qu'ils se rendent un peu compte de leur bêtise à essayer de se casser mutuellement des dents toutes les cinq secondes parce que Jean-Eudes a traité la mère de Kevin-Rachid. (Et inversement.)
Ou parce que Claire-Fatima a pas voulu manger le dessert que Samantha lui a gentiment renversé dans la gueule "pour rire". "Ben ouaih c'est drôle, on est des coupines, madame."


The amount of your stupidity amases me.

 Et les rapports d'incident c'est aussi pour voir ceux qui ont tendance à taper, et à se faire taper.
Histoire de pas laisser trop les agresseur tabasser les gamins qui rentrent moins dans le rang.

Mais ils se tapent vraiment dessus tout le temps, à s'en ramasser la tête sur le béton.
Et nous, faut savoir qu'on ne peut pas les toucher.
Parce que procès, parents, pédophilie, blablablah. (Ce qui nous retient aussi de leur arracher la tête avec un bon high kick inversé dans leurs mâchoires de petit cons quand ils nous annoncent fièrement qu'ils se sont dépucelés à leur soirée trop arrosée chez Kevina-Rachida le week end dernier et qu'ils ont 13 ans et trois quart, presque quatorze, c'est comme si j'étais adulte, madame.)
Donc quand ils se tapent dessus dans la joie il faut user de toute notre autorité pour les faire bouger chez la CPE, où ils se prendront le savon de leur vie.

Screugneugneu.

Mais dans la cours, il y a aussi les couples qui se forment.
Joie.
Amour.
Paillettes.
Salives échangées à travers les appareils dentaires.

La même mais avec des jeans Diesel et de la bave.
Il faut savoir que la période de rut chez le collégien va de septembre à juin.
Du coup, dans la cour, c'est un peu amour gloire et beauté pour les surveillants.

Extrait choisi:
"-Ah tiens, Bob-Mouloud a une nouvelle nana.
-Oui, dis donc. Il sortait pas avec Sandy-Brenda?
-Ah nan, ça fait longtemps, au moins une semaine, il l'a largué pour se mettre avec Marie-Brittany.
-Oh, dur. C'est pour ça qu'elle pleurait sur l'épaule de Bob-Clarence, l'autre jour?
-Oui, mais aucune chance, il sort avec Myriam-Brigitte, et depuis deux jours c'est la meilleure amie de Marguerite-Stacy, la nouvelle copine de Bob-mouloud.
-Dommage.
-Ouaip."
(Quoi? On passe trois heures par jour à regarder des petit marcassins batifoler dans un espace clos, faut bien se distraire.)
(Oui, les marcassins c'est mignon, mais ça a un potentiel de destruction hors du commun. Du coup c'est approprié.)

Du coup on se marre bien.
Sauf quand ya des tentatives d'accouplement sauvage dans des lieux interdits.
(Genre, ya vraiment des lieux interdits, parce que 4 surveillants pour surveiller 700 schtroumpfs, bon courage. Du coup, genre, derrière les bâtiments au fond du bout du monde de la cour, non, ils n'y vont pas.)
Ils ont même élu un coin, près du gymnase, lieu officiel de roulage de pelle et frottage indécent.
Entre deux et quatre couples toutes les récrés qui se récurent les amygdales sous les air horrifiés des petits sixièmes qui doivent penser que le rituel pré-copulatoire s'apparente à de la spéléologie, et qu'ils n'ont aucune envie d'investir dans le matos, parce que la glotte béante devant eux leur donne envie de gerber.
Comme je les comprends.

Dans la cour, il y a aussi les pots de colle.
Les gamins qui sont tombés "amoureux" d'un surveillant et qui le suivent tel un banc de bébés canards.
Ou un troupeau de saumons, je ne sais.
Moi, j'en ai peu. Mais ça commence.
Les pots de colle ils te suivent partout et te racontent les feu de l'amour en épisodes condensés et incohérents, tout le temps, et te demandant si toi, tu penses que Kevina devrait pas mettre autre chose qu'un pull corail avec un legging vert.



(Pitié, laissez moi faire mes tour de cour tranquille, et aller emmerder Bob-Mouloud dans la joie d'une routine pépère qui m'exaspère autant qu'elle me réjouit.)
(C'est comme ça, moi j'aime bien aller faire chier Bob-Mouloud. Il avait qu'à pas dire qu'il "lui avait débridé le moteur à cette sale pute" en parlant d'une gamine de 4ème.)
(Ni menacer les petits pour aller fumer dans les toilettes, ou me prendre pour un jambon.)
(Grossière erreur. Maintenant il me hait, et moi je me marre bien.)
Et encore, s'il n'y avait que Bob-Mouloud...

Apparté:
Non, aucun élève ne s'appelle Bob-Mouloud ou encore Jean-Eudes.
Mais comme on a environs 50 Théo, 40 Matthéo, 12 Kyllian, 25 Léo, et autant de Léa... Bon... Bob-Mouloud... Voila quoi...
On a aussi des prénoms plus ésotériques, genre Merlin.
Mais envisageant sérieusement d’appeler mon premier né Loki, je ne dis rien sur l'originalité.
Par contre, j'aimerai bien voir le regard d'angoisse qui prends notre Ulysse à chaque cours en ce moment, vu qu'ils sont en train d'étudier la guerre de Troie.
:D
Hurkhurkhurk.
Fin de l'apparté.

Bref, pendant la cour, en général, je leur ouvre aussi la porte de l'étude, où ils rangent leurs sacs quand ils vont à la cantine. Histoire qu'aucun débile ne saute dedans.
Et donc, je passe mon temps à tenir la porte et à me fouler mon royal poignet parce qu'ils ont "oublié" leur carnet pour aller au foyer, ou qu'ils doivent "aller chercher un truc dans leur sac".
...
Genre un bonbon ou un portable. Ce qui est interdit.
(ouaih, les bonbons sont interdits. Déjà parce que 1 : ils ne finissent pas leurs assiettes, jamais, et c'est de la bonne bouffe, donc, ils vont pas se remplir avec du sucre.
2: la cour est déjà pleine de papier alors que c'est interdit, alors je te laisse imaginer le carnage autrement.
3: ya un certain nombre de gamins en "surpoids" (genre, gros), et on est pas là pour encourager l'obésité morbide de gamins de 11 à 14 ans.)
Et on se fait traiter de bourreaux d'enfants, et on ricane.

"-Vazy c'est la taule ici!"


Un collégien ordinaire.
(vue d'artiste.)
Bref, après avoir tenu la porte et regardé les feu de l'amour entre deux bastons, je vais manger.

Une demi heure de repos à parler des gamins avant de retourner s'occuper des gamins...
Heureusement que mes collègues sont sympas.
Une équipe entière avec qui tu peux te biturer (CPE comprit) c'est relativement rare.
J'aime mes collègues adorés, et je ne les échange avec personne.

C'est marrant d'ailleurs, parce que rare exceptions, y'a que des goths, des punks, et des rockers, dans cette vie scolaire.
Ce qui fait que quand les gamins nous balancent des "NAN MAIS VOUS AVEZ JAMAIS ETE JEUNE? VOUS SAVEZ PAS CE QUE C'EST QUE SE REBELLER ET LA LIBERTE!!"
(Jusqu'à la gamine qui va se graver (au compas et pas profond) le symbole de l'Anarchie dans la peau du bras, et porte les manches relevées pour qu'on voit à quel point c'est trop une rebelle de l'enfer.)




Nota Bene: je ne soutient en aucun cas l'acte de scarification, mais là il s'agit de se griffouiller le dessus de l'épiderme pour passer pour un badass. Certes, c'est dérangé, et alarmant, mais si on l'avait retrouvé avec des vraies cicatrices on l'aurait envoyé fissa chez le psy scolaire, on est pas complètement cons.

Bref.
Après une pitite clope de la fraternité avec les collègues, on retourne au taff.

L'après midi: 


Et là, bah, c'est soit les études, soit l'aide secrétariat.
Donc, les études, on essaie de lire un livre, de dessiner, de réviser, de faire ses scénars en gardant un oeil sur 20 à 50 hooligans en culotte courte qui viennent parfois demander de l'aide pour leurs devoirs.

Et là je me dis que comment what the holy fucking shit se fait-il que ces gamins ne savent pas écrire ou parler correctement.
Bon, rendons leur justice, il y en a bien 40% qui peuvent comprendre un texte et écrire sans trop oublier la notion de conjugaison et de rythme de phrase (début = majuscule, fin = point) (ne riez pas, cette notion n'est pas toujours acquise.) (même en 3è.) (oui mdame.). Selon les classes. Rarement plus, souvent moins. Bref.

Mais par exemple, dans les fameux rapport d'incidents:
(morceaux choisis)
"Et alor il ma trété de tou un ta de gromos."
"Y ma donné un coude pier." (coup de pied. Ouaih.)
"j'été de haur." (dehors.) (oui.)


Et encore, le support internet vous épargne la graphie.
Mais je vous assure qu'on est souvent obligé de lire à haute voix pour comprendre.

J'ai quelques perles aussi.
En anglais:
"He eat avec a girl." ("Non mais je savais pas comment on dit avec. Alors je l'ai mis en français.") (classe de 4è)(je passe sur le manque de s à la troisième personne, on est bien au dessus de ça.)
Traduction de" La jeune fille a prit son sac."
= The young girl take your bag.
"-Mais, Jean-Bob, pourquoi "your"? "
"-Bah, c'est le possessif..."
"-Suis-je bête."

Entre ça, et une classe entière de 3ème qui me demande ce que veut dire le mot "décent", une gamine qui vient me demander (très sérieusement) si je peux confirmer à ses camarades que l'Irlande est un département Français ("Non, Kevina, pas à ma connaissance..."), des fois, les bras m'en tombent.

C'est pas comme si c'était des cas rares, là.
Genre, des fois, des classes entières ne bitent pas un mot de ce que je leur raconte.
Tristesse, rage et désespoir.


"-Madame ça veut dire quoi enfanter dans la douleur?"
"-Ca veut dire accoucher, enfanter."
"-Oui, mais la phrase, ça veut dire quoi?"
"-Accoucher dans la douleur, Edouard-Rachid."
"-Oui, mais, dans la douleur, ça veut dire quoi?"
Bref...
Les profs deviennent fous, les gamins ne savent pas qui est St Exupéry en sortant du collège, ni où se situe l'Angleterre sur une carte, mais tout va bien...
Et dire qu'on prenait ma génération pour une génération foutue...

Ensuite, l'aide bureau, ça consiste souvent à aller en courant d'un bout à l'autre du bâtiment, (qui est grand) avec des papiers à amener aux profs.
Où à essayer tant bien que mal de ramener en cours des gamins qui ont "mal à la tête, au bras, au coude, au petit doigt".
Les stratagèmes pour ne pas aller en cours sont super...

Et puis, les gamins qui n'ont pas de référents chez eux, et pour qui on est en quelque sorte leur référent de substitution.
Ceux là me fendent le coeur, mais on ne peut pas les laisser dans la vie scolaire. Parce qu'on est pas des éducateurs ni des parents, on est juste des étudiants qui n’avons pas les épaules pour ça. Pas du tout.

Il y a pas mal de misère humaine, et leur lots de gamins perdus.
Entre celui qui a perdu sa mère et qui vire à l'autisme tellement il se renferme, celui qui règle tout par la violence, etc, etc...

Le collège est un microcosme avec ses règles, ses lois, ses gangs...
Là bas, ce qui règne c'est la loi du style. Les fringues, les fringues, les marques, le "swag", les motifs à afficher absolument, les mini crêtes, les coiffures comme les chanteuses ou les footballeurs...
Et la dictature du style est féroce.
Même les 6èmes, s'ils veulent avoir la paix doivent céder (et faire céder dans des craquements d'agonie sinistres les portefeuilles des leurs parents.) et la cour est plein de mini-adultes trop sérieux qui parlent des fringues de leurs "idoles" de télé réalité.
Ils portent tous le YMCMB sans jamais avoir écouté de morceaux du collectif, et pensent que Denim est une marque de jean.
Ils ont tellement tous des eastpack noirs que tout les jours, au moins deux élèves vont pleurer à la vie scolaire parce que leur sacs ont été échangés et ou /perdus dans la masse des autres eastpacks noirs.
Les filles ont toutes la frange du même côté que c'en est effrayant.


D'accord, c'est rigolo de regarder des gamins pleurer parce qu'ils ont perdu leurs sacs qui se ressemblent tous, mais après tu te rends compte à quel point ils ont pas de personnalité, de goûts propres, qu'ils écoutent/regardent tous la même chose.
Le matin quand je prends le bus, j'ai des lycéennes à côté de moi qui vont au lycée d'à côté.
Ben les lycéennes, elles me font pas marrer quand elles se passent leurs écouteurs à coup de "tiens, j'ai téléchargé cette musique" "qu'est-ce que c'est?" "je sais pas, mais c'est bien, c'était sur nrj, faut que je télécharge des musiques, ya plein de nouveaux trucs à la télé."
Ils ont PAS d'artistes préférés.
Je rigole pas.
Ils n'ont pas de groupes, ou de chanteurs qu'ils aiment.
Ils kiffent une chanson tout les quinze jours le temps que ça fasse le buzz et que ça disparaisse. Et après ils passent à autre chose, et quand on leur parle d'un album sortie ya six mois "oh c'est trop vieux ça madame, c'est même pas à la mode!!!"




Ils ont pas non plus envie de faire des boulots.
Ils veulent juste "gagner de la thune".
Je veux dire, oui c'est normal, moi aussi je veux gagner de la thune, mais là, quand même, ya de l'abus...
Ils ont pas de métiers idéaux, pas de rêves, pas envie de faire quoi que ce soit.
Parfois, je suis triste quand je les écoute.
Parce que je sais comment on en est arrivé là, et que je sais que le pourcentage qui est intéressé, brillant, ne survivra pas au diktat de la culture de masse qui les exclut et les traite comme des freacks.

Oui, j'aime mon boulot.
J'aime mon boulot parce que j'en ai chié.
J'aime mon boulot parce que je sais que je sers à quelque chose.
Mais parfois, j'ai peur. Si j'avais un souhait à faire, c'est que toutes les télés du monde se pètent, qu'on ai plus de youtube, de téléphones portables, de facebook et d'instagram, de télé réalité, et que ces gamins puissent ouvrir ni serait-ce qu'un livre qui leur fasse voir autre chose que leurs jeans, leurs guéguerres de style, et leurs "gangs" des bacs à sable et aspirent à plus grands, parce qu'ils en sont capables.

jeudi 5 septembre 2013

Chronique des coeurs brisés.


J'ai de la chance.
Tellement de chance que j'en ai honte.
J'ai trouvé un beau matin l'amour de ma vie au pas de ma porte, et c'était bien.

J'aime entendre les amis qui me disent "t'as tellement de chance, toi, c'est facile avec le Roi, vous êtes le couple idéal."

Non.
On est pas le couple idéal, et c'est pas facile.
On s'engueule pas, oui, ou très peu, et jamais pour des sujets importants. On rigole beaucoup, on parle beaucoup tout les jours. On s'aime.
Mais non, c'était pas facile, ce n'est facile pour personne.



Ce n'était pas facile pour moi parce que je n'ai jamais laissé personne entrer dans ma vie, réellement.
Parce que je n'ai jamais laissé personne poser sa valise à côté de la mienne, fouiller dans mes placards, manger ma nourriture, aimer mes chats.

Parce que je me méfie des hommes, que je me méfie de leur capacité à m'abandonner, que je déteste la solitude et que je sais que je serai prête à me sous-louer pour ne pas être seule.
Et qu'une compagnie qu'on achète avec du cul vaut moins que tout.
On ne fait pas confiance aux gens à qui on se loue.
On ne les aime pas, on les apprécie peut-être, on s'attache sans doute, mais on les laisse à l'écart.

La solitude.
La solitude.
La main froide qui erre sous la couverture la nuit, qui enserre la poitrine, qui arrache tout dans le ventre, entre les côtes, qui éventres les rêves.
La solitude, contre laquelle on ne peut rien.
Rien à part se louer.
Et s'emmurer.
Dans une solitude encore plus grande.



C'était pas facile à cause de l'angoisse.
Parce que j'ai peur qu'on m'abandonne, parce que j'ai mal dans le coeur, tout le temps, que le monstre dans mon ventre me mange le coeur tout les jours.
Et que personne ne peut supporter ça.
Personne ne peut supporter mon angoisse constante, ma froideur, mon bouclier de cynisme.
Personne ne peut supporter de me prendre dans les bras quand je hurle, quand je pleure, quand j'ai peur pour rien.
Personne ne peut être là, tout le temps.

Et j'ai peur.
J'ai peur qu'on m'enlève tout ce que j'ai.
J'ai peur que mes chats meurent, j'ai peur qu'on me vole mes livres, j'ai peur qu'on me casse ma guitare, j'ai peur.
Je peux pas m'attacher.
Parce que tout ce que j'aime, on me le prend.



Pour le Roi c'est pas facile.
Parce qu'il n'est pas assez bien.
Parce qu'on ne lui a jamais dit qu'il pouvait l'être.

Parce qu'il n'a pas le droit de toucher, de revendiquer son droit à être aimé.
Parce qu'à force d'être là et de s'en prendre plein la tête il a arrêté de penser qu'on pouvait faire autre chose que l'utiliser.
Se résigner.

Parce qu'il ne se trouve pas bien, pas beau.
Parce qu'il ne sait pas s'aimer lui même.
Parce qu'il a peur, désespérément peur, qu'on le laisse.
Parce qu'il a besoin de savoir que quelqu'un est là.

Et que personne ne peut être là, tout le temps.
Personne.



Il aura fallut que deux solitudes, deux désespoirs, se tendent l'un vers l'autre pour que la toile se tisse doucement, se resserre, et qu'on puisse y écrire "je t'aime".

Facile?
Non.

Des heures, des heures, de discussions, des heures à s'apprivoiser.
Des heures à se tester, à se comprendre.
Ma méfiance. Ma méfiance redoublée par une année à ne faire que de la merde, à me louer à n'importe qui d'un peu amical pour ne pas sombrer dans le gouffre sans fond de la solitude et de la dépression.
La peur du monstre, encore une fois plus fort que moi.

Des heures à s'apprendre, à retrouver des échos de soi dans l'autre.

Et finalement, commencer à se sentir bien.
Ne plus penser à la solitude parce que doucement elle s'efface, remplacée par de la substance de rêve, bien trop réelle.
Penser différemment, apprendre que être avec un autre ce n'est pas forcément de la dissimulation, et des combats de chaque instant pour prouver qu'on est à la hauteur, mais qu'une personne peut aussi nous apprécier pour ce qu'on est, sans aucun fard.

Apprendre même l'impensable, découvrir qu'on peut montrer tout, absolument tout les pans de son âme, et que l'autre ne nous frappera pas en plein dedans, ne nous fera pas mal, ne nous blessera pas.




Oui.
Oui, je peux t'aimer pour ce que tu es et pas pour ce que je veux que tu sois.
Je peux t'aimer malgré ton coeur déchiré, malgré ta dépression, malgré tes angoisses, malgré tes doutes, malgré tout.
Je peux t'aimer même si tu as eu envie de te supprimer, même si tu rêves de crever, même si tu n'aime rien d'autre que tes livres et tes chats, même si tu es en colère, même si tu es jalouse.

Parce que c'est pas grave.
Non, vraiment, c'est pas grave.
Je t'aime pour autre chose.
Je t'aime parce que tu es toi, parce que tu es forte, parce que j'aime parler avec toi, que je te trouve belle, parce que tu es merveilleuse à mes yeux.

Je ne veux pas que tu changes.
Si tu changes je serai triste.
Parce que tu es ce que j'ai de plus précieux à mes yeux.




Laisser l'autre prendre ton coeur brisé dans ses mains en tout confiance.
Prendre le sien.
Avec tout ce qu'il a de peur, de douleurs et de traumas.

Et on me dit que c'est facile?

Pour la dernière fois, ce n'est pas facile.

C'est évident, mais pas facile.
On s'est enfermé dans un cocon protecteur, avec l'autre en point central, les chats autours, les livres en périphérie, et on n'en sort que pour faire ce qu'on aime.
On se nourrit l'un de l'autre, dans une sorte d'équilibre basé sur des apssions communes et des découvertes individuelles.

C'est très difficile.
Mais notre plus grande peur est de se perdre.
Et nous sommes de grands traumatisés.
Incapable de se faire du mal. Et incapable d'en jouer.

Combien de temps ça va tenir?
On recouds jour après jour les batteries de nos âmes, alors ça peut tenir l'éternité.



Comment est-il possible d'exprimer la reconnaissance quotidienne qui m'anime tout les jours lorsque je me rends compte ce que je tiens dans mes mains.
L'amour. Le vrai. Celui qui ne ment pas.

Je ne m'y fait pas.
Chaque jour depuis neuf mois, je me pince tout les matins en me levant, parce que je ne pensais pas avoir autant de chance.
Le jour où je cesserai d'avoir de la reconnaissance, de remercier tout les dieux, alors je perdrais ce privilège.
Je ne le possède que parce que je ne le tiens pas pour acquis, et je le sais.
On le sait tout les deux.

Rien que pour ça, c'est pas facile.

Mais on est bien.
On est heureux.
Et je pensais que ce mot n'existait que pour obliger les enfants à bien bosser à l'école, comme une carotte imaginaire.
Mais c'est possible d'être heureux.




Alors quoi?
Il faudrait que je le hurle?
Non, j'ai trop peur de le perdre pour le hurler au monde.

Il faudrait que je stigmatise ceux et celles qui se louent pour ne pas être seuls?
Comment le pourrais-je?
Comment pourrais-je lancer des pierres à ceux qui cherchent à ne pas être seuls?
Juger?
Pourquoi?
J'en ai fait tellement pour ne pas être seule. Je serai allée très loin pour qu'on ne me laisse pas. Pour que mon lit ne soit pas vite.
Je me serai détruite pour ne pas crever de solitude.

Je n'y croyais pas.
Je ne croyais pas pouvoir vivre ça.
Et maintenant que je le vis, je n'y crois toujours pas.
Ceux qui sont seuls, maintenant, qui n'y croient pas, qui n'ont personne pour partager leur solitude, j'aimerai les prendre dans mes bras, leur donner tout l'amour qui déborde de moi, tout l'amour qui irradie, qui me brûle, pour leur redonner courage.

J'aimerai vous le dire.
Vous êtes beaux.
Soyez vous même.
Soyez gentils.
Ne vous détruisez pas, ne vous louez pas.

Il y a des gens qui vous méritent.
Ce sont des gens que vous, vous méritez.
Ca sert à rien de se faire passer pour ce qu'on est pas, la personne qui vous aime vous aimera même le dimanche matin avec la bouche qui pue, les dessous de bras qui puent, et les yeux qui collent.



Parce qu'on ne vous aimera pas pour ce que vous croyez.
On vous aimera pour votre façon de sourire, pour les bêtises que vous dites, pour votre sérieux, votre folie, votre collection de pins pokemon, et tout un tas de choses intimes qui vous font vous.

On vous aimera sans condition, sans vous demander de changer.
On vous aimera des pieds à la tête, même pas épilés, pas lavés, plein du vomis de la veille.
On vous aimera comme vous méritez qu'on vous aime, comme vous avez rêvé qu'on vous aime.

Et croyez moi.
Tout le reste n'en vaut pas la peine.