samedi 16 janvier 2016

Ecrire - Chronique de la gestation d'un univers

Bon, il faut que je vous dise quelque chose.
L'heure est grave.
(matinale surtout en ce qui me concerne. )

Serious business is serious.

Voilà, j'avoue tout, j'écrit un livre.

"Han mais comme tout le monde, genre TOUT LE MONDE écrit un livre, quoi. Tu savais que un français sur deux a un manuscrit inachevé dans ses tiroirs? Genre t'écris un livre, quoi. Tu vas quoi, faire deux trois chapitres et c'est fini? Non mais je te dis, tout le monde..." 

Chut.
Je t'entend penser, là, toi, devant ton écran.
Et dans mes tiroirs il y a surtout des legos et du lubrifiant.
(dans des tiroirs séparés et pas dans la même pièce, mais imaginez ce que vous voulez, petit dégoûtants, va, vous devriez avoir honte. )
Alors:
Même si je n'ai jamais atteint le saint Graal de la publication, et bien... Des livres, des romans, des "plus de 150 pages", j'en ai déjà écrit deux, ainsi que cinq nouvelles qui comptent plus ou moins comme sides stories de mes autres travaux.

Donc je sais ce que c'est qu'un travail de longue haleine, et un travail relativement fini.
Relativement pourquoi?
Parce que mes deux premiers romans ne sont à mes yeux pas assez "mûrs" pour que je les envoie à la publications (comprendre : que j'imprime ça en 15 exemplaires en hypothéquant mes reins et que je l'envoie à des éditeurs en priant les dieux des comités de lecture). Ils ont été écris à mes 17 et 20 ans, à peu près, et il y avait des tas de choses que je ne maîtrisait pas dans la méthode d'écriture et dans la manière d'agencer mes idées, sans parler de la fluidité d'écriture.

(ah, oui, et sinon, je connais les techniques à base de "il faut écrire un chapitre puis un résumé de ton livre", et les éditeurs que j'ai rencontré m'ont assuré qu'en France, c'était la mauvaise idée, ça se fait pas. En plus, travailler à postériorit comme ça, ça me fait flipper.)

Donc, bref, ceci étant précisé :

J'écris un livre.

Moi dans mes fantasmes.
En un poil plus Rimbaud.
Et j'avais envie de vous parler un peu de ma méthode d'écriture et de mon histoire littéraire.
(j'aime parler de moi. )
(mais c'est mon blog. )
(donc globalement de l’autosatisfaction en boite. )
(alors j'ai le droit. )
(et de mettre plein de parenthèses aussi, j'aime ça ajoute du suspense. )
(rassurez vous je n'écrit pas comme ça dans mes livres. )
(j'ai fini. )

Comme souvent dans ma vie, tout a commencé avec le Seigneur des anneaux.
De toute façon j'ai deux dates clés : 11 ans, Seigneurs des Anneaux, 13 ans, Bowie/Placebo.
Sorti de là, c'est tout.

Donc, Après le Seigneur des anneaux, j'ai décidé que je voulais être Tolkien et bosser pour Peter Jackson. Parce que, je le rappelle, j'avais 11 ans.
Bosser pour Peter Jackson, comme motivation, ça m'a demandé de me mettre à balle au dessin. Et ce fut un succès.
Etre Tolkien, c'était plus difficile.
Il fallait écrire. 
La brillance de cette déduction me stupéfie rétroactivement.
J'étais déjà un génie X3 

Bref.
J'ai donc commencé à écrire une saga de science fiction.
Ouaih, à 11 ans, à la fraîche.
Parce que j'aimais bien Star Wars et que je pensais que faire de la fantasy dans l'espace c'était cool.
(j'avais plus ou moins raison, cela dit. )

Mais malheureusement pour moi, je me suis rendu compte d'un truc:
Autant les cent cinquante mille contraintes imposées par la rigoureuse écriture d'un bouquin de med-fan (en vrac : les peuples, leurs physiologies, leurs langues, cultures, écritures, tenir compte des cartes, des latitudes, etc, etc...) ne me dérangent pas, surtout que, en fan de Tolkien qui se respecte je suis plus du côté des "recherches, cartes et linguistique" que "yolo ça passe, les elfes c'est tout pareil tfaçon".
Autant, à écrire, les contraintes de la SF ça me fait chier. Mais genre: CHIER.
Imaginer les vaisseaux, les développements d'énergies, les voyages spatiaux, twister la science pour que "ça passe en mode suspension d'incrédulité", gérer les déplacements, les éventuelles batailles spatiales... Et bien ça me gave.
J'ai pas le niveau scientifique pour écrire de la hard SF, et le space opéra (je schématise, ne me frappez pas les puristes) ça me demande de jeter à la poubelles les heures et les heures passées à écouter un grand père physicien me parler d'espace et des lois physiques de l'univers.

Et c'était pas assez bucolique pour moi.
La linguistique ça s'efface vite devant des gros vaisseaux chromés.
Un jour peut-être que j'arriverais à trouver cet équilibre, mais bon, j'avais 11 ans.

Donc, j'ai prit mes personnages, et je les ai transféré joliment dans un univers de Fantasy.

Moi tel que je me voyais à l'époque.
J'écrivais tout à la main.
Dans des cahiers bleus 96 pages.
J'en ai noirci une bonne demie douzaine mine de rien.


Je m'y suis beaucoup plus épanoui.
Et j'ai commencé un travail de tâcheron que je trouve encore incroyable de m'être imposé à l'époque.

J'ai créé une dizaine de peuples, leur caractéristiques physiques selon leurs environnements et zones géographiques, j'ai dessiné des cartes, inventé des alphabet et des grammaires...
J'ai encore tout très précieusement, ce travail est la base de tout mes autres travaux, et même si c'était un peu (un peu, hein) ambitieux pour un aspirant Tolkienniste de 11 ans, c'était un putain de travail ta mère.
Et surtout, c'était l'idéal pour moi:
Je pouvais dessiner mes personnages. Et finalement je m'appuyais autant sur le dessin pour écrire que l'inverse.
Ce tic, je l'ai gardé. Tout mes personnages de toutes mes histoires sont dessinés, au moins une fois, ou du moins, s'ils ne le sont pas, je peux le faire. Si je n'ai pas dans la tête le modèle 3D d'un perso, de la forme de son nez à ses expressions faciales en passant par la taille de ses mains, je n'écris pas à son sujet. Et je vous raconte pas la déformation quand j'ai commencé à faire des story boards. Toutes mes batailles sont écrites selon story board.
... je travaille beaucoup.
Et j'ai probablement besoin d'un médecin pour régler mes problèmes d'anxiété et de control freak.

Bref.
A l'époque, modeste, je prévoyais environs 1200 à 1500 pages (oui, avec les deux zéros).
Evidemment, je n'ai pas fini ce travail de fou.
(au collège, non mais ça va pas? )

Mais j'avais prit le virus.
Créer des mondes. C'était devenu une drogue.
Une putain de drogue dure. 

Writing writing writing writing yeay

C'était plus la satisfactions de vivre totalement des aventures avec mes personnages que d'écrire.
Je n'écrivais pas pour montrer ce que j'écrivais, mais surtout pour transférer mes émotions et les canaliser.
Mes frustrations, mes joies, mes soucis, mes rêves, toutes ces choses que je n'arrivais pas à dire, je les transformait en personnages. Et je leur faisait vivre des histoires.
Awesomes de préférence.

Etant donné que de mes 8 à mes 13 ans et de mes 17 à 21 ans j'étais dans deux cycles de dépression sévères, j'ai tué énormément de personnages.
(RIP les mecs. )

A l'époque des Chroniques (le pavé dantesque de mes 11 ans) mes techniques de boulot c'était un peu genre "oui alors je vais faire un énorme travail de construction d'Univers, et je vois à peu près où je vais dans le scénario, de toute façon c'est un voyage initiatique alors le scénar va juste suivre la carte, ça passe. "
Inutile de dire que comme première expérience, sans filet et tout, c'était excessivement foireux comme approche.
Surtout avec une compagnie de onze personnages. ONZE. OUI.

Bref.
J'ai laissé tomber, réaliste.

Puis je suis arrivé au lycée.
You-Pi.
Moi me souvenant du Lycée.
(pour faire vrai il faudrait aussi un gif ou je hurle de manière
frénétique, mais j'ai une dignité. ) 

Donc, le lycée.

J'ai rencontré des gens très bien.Voilà. C'était pour le point positif.

Sinon comme j'ai fait là bas la pire période de dépression de ma vie, en mode je mangeais pas et toutes les nuits je me demandais si en espérant assez fort je pourrais sortir de mon corps pour ne jamais en revenir, en osant pas me suicider de peur que si jamais je me loupe et que par chance je sorte de cet enfer un jour je garde des séquelles de ces conneries, mais qu'à choisir je prendrais plutôt les médocs.... Bref...
Un aperçu de ce qui tournait dans ma tête toute la journée.
Et j'ai même pas viré ado émo pendant cette période. Je m'habillais tout en noir, mais le plus osé que j'ai fait jusqu'à mes vingt ans ça a été des mitaines. Mes photos d'adolescence sont des photos de la dignité, ouf.
Je ressemblait vaguement à un bassiste de métal, avec des cheveux très longs noirs et mince comme un haricot vert sec. (l'air malade livré avec. )

Je peux sans trop m'avancer dire que si je n'avais pas eu l'écriture (et la musique) à cette époque, j'aurais sans doute fini à l'hôpital en nervous breakdown.
C'est là que j'ai écrit mon premier roman.
Ca parlait de passage à l'âge adulte, de drogue, de meurtre, de repentir, etc...
Pas dans une optique "ado en pleurs écrit son premier roman gothique lol Marilyn Manson". Et j'y ai rejeté un œil avant d'affirmer ça.
C'était quatre histoires de jeunes adultes, dans les 19-25 ans, qui vivaient chacun des histoires violentes les mettant face à des choix difficiles. Le jeune truand qui regrettait d'avoir sombré si loin dans la violence, le petit mec qui fuyait une famille dangereuse, la femme qui retrouvait son unique amour tombé dans la drogue, etc...
La joie, donc.

J'étais plus dans l'exploration de la psyché humaine que dans l'auto-flagellation.
Ecrire me permettait de m'évader.
Je prenais des personnages avec des histoires de merde, et je les faisait s'en sortir, tendre vers le meilleur.
(et j'avais fait énormément de recherches sur les milieux dont je parlais dans mes histoires, allant jusqu'à me farcir des dossiers médicaux entier sur les psychotropes et leurs effets, ce qui a été une prévention des plus efficaces, je n'ai jamais touché à rien. )

...
Et puis comme j'avais moi-même peu d'espoir de m'en sortir à cette époque ils mourraient évidemment tous à la fin dans un fatalisme assez désespérant.
(mais y'a un plot twist, cela dit. )

Voilà.
Le bonheur incarné. 

Moi dans mes oeuvres, année 2007. 

Sur ces heureuses entrefaites et ayant jugé que mon boulot qui fut fini au bout de pas mal de pages (que j'avais commencé à écrire à la main, mais au milieu j'avais abdiqué, passé des soirées entière à tout retranscrire sur ordinateur et fini d'écrire de la même façon) était pas vraiment bon à mes yeux, j'ai tout entreposé, feuilles manuscrites comprises, dans un dossier à côté de mes travaux de collège.
Mes impôts sont en vrac dans un carton, mais mon boulot d'écriture est annoté et classifié par année, et ouaih.
Sens des priorités, tout ça.
(et vu qu'à l'époque je tapais mes textes sous windows 98, j'imprimais tout tellement je flippais ma race de tout perdre. )
(j'ai eu raison. )
(bénie soit la technologie usb. )

Puis je suis arrivé à la fac.
Là j'avais plus vraiment de projet d'écriture, vu que mon projet de vie de ce moment là c'était plutôt "aller zoner avec ma meilleure pote entre son appart et les quais de Dobor en attendant d'avoir l'âge de rentrer en école d'art".
(rapport au projet de vie Peter Jackson qui suivait tranquillement son cours. )

Un jour on a eu une amie qui est entré en hôpital psy.
Alice, elle s'appelait.
Avec ma meilleure amie, on a décidé d'écrire une histoire pour elle, une petite nouvelle.
Pour faire court, ma meilleure amie a pas vraiment eu le temps d'écrire beaucoup, mais moi je suis mis à fond dedans.
L'histoire me passionnait.
J'ai écrit la nouvelle d'une trentaine de pages en quelques jours.

Puis ça a été la frénésie.
De cette histoire j'en ai brodé une suite, puis une secondes partie, puis un épilogue.
J'ai créé des personnages, je leur ai inventé des décors, et ce pendant deux ans entier de ma vie. J'ai été totalement dévoué à cette histoire.
Prologue, Partie un, partie deux. Epilogue.

Ca a été l'expérience d'écriture la plus formatrice de ma vie.

ouaih, pareil.

Il a fallut que j'affine mes techniques.
Je ne pouvais plus vraiment me lancer à l'aveugle "tout va bien je sais où je vais". Les personnages devenant trop consistants, trop développés.
Ils se mettaient à avoir dans leurs interactions et dans leurs comportements des réactions trop complexes pour que je puisse écrire sans autre repère que "la fin ça doit être ça".
J'ai du faire des courbes d'histoires, des chronologies, des arcs narratifs, et me mettre des points de repère.

C'était vraiment, vraiment formateur.
J'ai d'abord écrit le prologue (oui.) puis le début de la partie un. Ensuite, l'épilogue, pour avoir un point de chute défini. (dans cet histoire vu que tout tournait autours des réactions des personnages dans cette séquence, le but c'était que le cheminement soit cohérent jusqu'à cette partie, donc je l'ai écrite pour qu'elle me serve de mètre étalon en quelque sorte).
J'ai fini la partie un.
Et puis j'ai écrit la partie deux.
(pour être honnête il doit me manquer dix pages en tout après réécriture pour faire un lien propre entre tout ça, mais c'est juste du retravail. )

L'Histoire commençait avec un déclencheur fantastique (et pas fantasy) qui n'intervenait qu'au début et à la fin, le reste étant une histoire "normale".
Ca parle de la vie d'un musicien. De son départ en tant que petit con borné jusqu’à ce qu'il se décide à se prendre en main et qu'il finisse en génie de la musique, et fasse un choix assez radical.
Le livre parle de ça.
De la conséquence des choix, de la grandeur et de la chute.
D'ados persuadés d'avoir raison et qui se retrouvent adultes sans trop savoir comment.

Et j'en suis vachement fier.
Ouaih.

La fierté.
(ou une choré just dance)
(au choix. ) 

Disons que c'est plus dans la forme que dans le fond que je manque de satisfaction pour ce travail.
C'est mon écriture que je trouve trop immature pour la gravité des sujets abordés.
Ma manière de dire les phrases, plus que les phrases que j'ai écrit.
(si c'est pas clair, je suis en pleine nuit blanche et j'ai froid. donc na. )

Ce roman m'a permit d'aborder ce qui est et reste mon grand projet.
(je ne parle pas plus que ça, et volontairement de ce qui est dans mes livres ou de mes personnages. parce que tout est lié à ce projet, qui est en quelque sorte la clé de voûte de toutes mes histoires. )
Une trentaine de personnages, une dizaine de nouvelles, une histoire en 5 parties (je ne raisonne pas en volume puisque qu'éditeur c'est pas mon boulot), des recherches graphiques dans trois cartons à dessins qui dégueulent, un cahier rien que pour les trames historiques et détails importants de l'histoire.
Bref.
Un très gros morceau.

Ce qui me manque c'est le temps.
J'ai tout, du début à la fin, même les schémas techniques des batailles, et le découpage ('plus ou moins faut que je revoit ça) par chapitres.
Mais j'ai pas le temps de le travailler, et surtout, je pense pas que commencer à se jeter à corps perdu dans une histoire gargantuesque comme celle là sans avoir rien publié d'abord soit foncièrement une bonne idée.

Parce qu'à force, on m'a fait comprendre (ma famille, mes potes qui m'ont menacé (sans rire) pour lire "le truc sur lequel tu passes toute ta vie, avec des pans entiers de murs recouverts de recherches et de chronologies là, tu fais lire ou je fume ton pc", et les gens des trucs auquel j'ai envoyé quelques nouvelles pour des concours histoire d'écrire autre chose de temps en temps) que ce serait PAS MAL que je publie un truc.

"-non mais j'écrit pour moi."
"-va crever t'as du talent, publie, pute. "
"-non mais euh... j'ai pas fini, mes autres projets sont vieux, et puis..."
"-ben écrit autre chose. et envoie le. fait pas chier. "
"-mais attend je..."
"-tcht. Exécution." 





Et puis j'ai rencontré un éditeur d'une moyenne maison d'édition, qui m'a un peu mit le pied à l'étrier (sans rien me promettre, faut pas déconner) et je me suis dit qu'avec les bons retours que j'avais eu (j'ai gagné quelques concours, trucs comme ça, rien de transcendant, mais bon... ) et ça, bah...
J'allais m'y mettre.

Et depuis octobre, j'y suis.
J'ai reprit une nouvelle qui me titillait depuis plusieurs années, et j'ai écrit la suite.

Comprendre :
J'ai un carnet avec quarante pages de déroulés, chapitres par chapitres, des annotations sur les persos, des recherches graphiques, et des pages de mythologie.
Après trois semaines de recherches, je m'y suis lancé.

J'y travaille (sans compter les fêtes parce que pas glop) entre six et huit heures par jour environs trois jours par semaine, dès que je peux.
Pour l'Histoire, ça reste du fantastico-fantasy ("ish" ) et ça parle d'un bibliothécaire ranci qui se retrouve face à un être sorti d'un livre et embarqué dans un voyage pas banal pour affronter les Dieux.
(Jean-Michel 4ème-de-couv', c'est moi! )

J'ai une méthode de travail bien rodée maintenant. Propre. Et pour l'instant, sur 23 chapitres, j'en suis à 14.
J'écrit entre 5 et 7 pages par session, en sachant que mes chapitres font une dizaine de pages (word en times 11) (pour ceux à qui ça parle une page de ça doit faire 3 pages de Twilight) (ou quatre pages de Nuances de Grey) *vomissements* et que je relis et retouche les pages de la veille avant chaque session pour me remettre dans le bain.


Voilà...
J'écris un livre...
C'est mon bébé.

J'ai prit l'habitude de dire qu'écrire un livre, c'est être enceinte d'un univers.
Et c'est vraiment comme ça que je le sens.
Cette histoire a remplit ma vie.
Je connais les personnages, je les sens, je vis leurs aventures avec eux.
Et c'est un bonheur sans fin.

C'est le premier livre que j'affine autant dès le départ, c'est le premier livre que j'écrit qui est uniquement destiné, en plus de mon plaisir personnel, à la publication.
J'essaie de faire de mon mieux.

Et je dois vous dire que pour le moment, je suis assez fier de moi...
Je vous dirais quand je l'aurais fini.
Et sans spoil, moi aussi j'ai grandit, et je ne tue plus tout mes personnages.

A bientôt.
Et si vous écrivez, persévérez, écrivez, même pour vous, ça fait du bien à l'âme.
Je vous embrasse. 



mercredi 13 janvier 2016

Beau, oui, beau comme lui.



Il est 7h du matin, et je ne me lève pas tôt, non.
Je me couche tard.

Ou plutôt, je ne me couche pas, et j'exorcise.
Sur ce blog sur lequel dorment plusieurs projets et que je me remet doucement à entretenir, j'ai l'intention de raconter une histoire.

Une histoire qui est la mienne, mais qui est émaillée de lui.
Un lui qui est unique et multiple, qui traverse les époques, qui construit l'histoire, qui déconstruit les frontières et qui fait danser à travers les univers du temps les hanches des hommes et des femmes.

Je me souviendrais longtemps de ce matin de janvier 2016.
Quatre jours sont passés, et j'ai encore l'impression de mourir à l'intérieur.
J'avais passé une très mauvaise nuit. J'ai eu mal aux jambes. pas la douleur de base, non, la bonne douleur de merde qui m'a traîné tant de fois à l'hôpital ces derniers temps.
J'ai vaguement allumé le téléphone pour voir qu'on m'avait taggé dans un poste d'info. J'ai cliqué.

Bon sang,
Je le jure, Je l'ai senti. Mon coeur qui se déchirait.
Totalement à poil dans les draps, mon téléphone dans la main, de la morve plein la bouche à force de pleurer, je n'arrivais plus à respirer.
David Bowie est mort. 


Ce n'est rien.
C'est juste un chanteur.
C'est juste une autre personne célèbre.
C'est pas important.
C'est pas comme s'il était de ta famille.
C'est pas grave.

Comment vous expliquer que, dans mon coeur, dans mon esprit, sous ma peau, dans toute mon âme, les phrases "c'est pas grave" et "David Bowie est mort" ne pourront jamais aller ensemble.
Même évoquer la mort dans une phrase parlant de Bowie ne devrait servir qu'à parler de sa reprise de Brel.
(car oui, il a fait ça. )

Bowie pour moi, c'est...
Je ne sais pas l'expliquer.
C'est pas mon chanteur préféré, mais c'est la voix parfaite.
C'est pas mon artiste préféré mais c'est il est mon absolue référence.

C'est à lui auquel je pense quand on parle d'art. C'est à son oeuvre à laquelle je pense quand on parle de génie. C'est à lui que je me réfère quand je pense à un héro, et si je devais avoir un modèle, ce ne serait que lui.
Tout ce qu'il fait me touche.
Je n'aime pas tout, mais tout me touche.
Jamais je ne parlerais de lui au passé.
Parce que ce que je suis, je le dois en grande partie à Bowie. 



Je n'ai pas été élevé dans une culture musicale vraiment... Bon, tout ce qui n'était pas Français, musicalement, chez moi, c'était Simon and Garfunkel, et des compositeurs classiques.
Je l'avais déjà entendu chanter oui, lui,  (ma mère aimait Julien Clerc et Nostalgie. Voilà. Ya du Bowie sur nostalgie. ) à la radio, mais bon, Let's Dance, et China Girl, j'ai longtemps eu envie de les brûler pour l'exemple en même temps que Ma Bohème et Le Métèque, chansons stars de Nostalgie.
Br.
Entre ça, et les Jean Ferrats et autres Brassens de mon père, sincèrement, la musique outre manche, j'étais pas préparé.

Moi, je le connaissais surtout parce que ma mère, qui s'en battait l'oeil avec une pince à sucre de mon éducation musicale contemporaine (on avait vaguement une "anthologie des tubes 80" à la maison, faut dire) mais qui comptait que je sois une personne bien éduquée en matière de cinéma me faisait des gorges chaudes de Furyo.

A l'époque j'avais 13 ans.
J'étais malheureuse, mal dans ma peau, ça allait pas du tout.
Donc, après avoir entendu parler de Furyo, de comment c'était beau, etc, que ma mère s'extasiait sur ce type, là David Bowie, le mec avec des yeux bizarres, ralalah, il est merveilleux, mais siiii, tu connais,David Bowie! (oui je connais, je veux l'enfermer dans une pièce et l'obliger à écouter Let's Dance en qualité Nostalgie pendant 24 heures) (en plus il fait des pubs pour Vittel, ce type est pas Net. ) (Link si vous me croyez pas. )
Bref, j'avais un peu l'impression de passer à côté de quelque chose de fou.
Donc, j'ai regardé Furyo. 



Enorme claque ta race.
Je l'ai regardé en boucle, fasciné par ce mec qui mangeait des fleurs avec ses yeux tarés, comprenant totalement pourquoi le gardien du camp japonais tombait amoureux de lui.
Je vous le conseille.
Et en VO (ça s'appelle Merry Christmas Mister Lawrence. ) parce qu'on écoute pas de doublages de ces gens.
J'avais 13 ans et ma vie venait de changer.

Comment est-ce qu'on pouvait être... Dégager tout ce... Et avec toutes ces expressions qui...
J'avais 13 ans et je venais de me heurter de plein front, en plein dans le tableau de bord et à 130 à l'heure, à Bowie.

De manière assez drôle (olol, destin, petit farceur) j'ai rencontré mon premier déclic musical quelques semaines plus tard:
Placebo.
(oui, placebo jusqu'en 2009 ils sont intouchables dans mon coeur. Maintenant je sais pas ce qu'ils font.)
Et une chose en entrainant un autre, vu que j'ai bouffé tout les albums en un temps record, j'ai aussi rencontré Bowie.
Mais Bowie le vrai.
Bowie, la voix. Bowie l'esprit sur scène. 



Ecoutez moi ça, et dites moi si une gamine de 13 ans a pas de quoi en sentir son ventre devenir de la gelée de groseilles.

Pour info, les paroles ont été écrites par Brian Molko, et il avait pas de mélodies dessus.
Un jour, Bowie (qui avait déjà prit Placebo sous son aile en mode "vous venez me faire ma tournée anniversaire les mecs? Oui? Et sinon j'ai dit à EMI de vous produire, bisous. Oui, première scène dans des stades, et alors, t'as peur ou quoi? T'inquiète petit peuple, 80 000 personnes, à la fraîche." a appelé Placebo en mode tranquille pour leur faire "wesh les gros, j'ai composé un ptit truc sur votre texte, là, tiens, écoute ça: *plonk plonk chanson*. Alors, c'est pas mal, hein? Chiche on la joue sur scène ensemble, hein? Dépèche toi parce que après faut que jme la donne en full dépression avec Nine inch Nail, alors, oui ou oui? "
(Avec Nine inch Nail, donc. )
(Que ceux qui pensent que tout le charisme de Reznor est aspiré dans le néant par la voix du grand blondinet à côté lèvent la main. )

Donc évidement, Brian Molko, qui est pas fou, a accepté le cadeau de Monsieur Bowie, et quelques années plus tard, le résultat arrivait dans mes oreilles. 



Chaos et frénésie dans ma vie.
Non sérieux.

Je me suis mis à chercher ce qu'avait fait cet escogriffe avec une voix qui ressemblait à du pétrole en fusion en train de cramer du velours.
Et évidemment.
Eeeevidement je suis tombé sur ça: 



T'as treize ans.
Un genre TRES incertains. (genre dans Placebo, tu veux pas te faire Molko mais plutôt être lui. Surtout quand il met des robes avec des jeans. )
Assoiffé de musique.
Et tu tombes sur la période Ziggy Stardust.

L’extase absolue de mon jeune moi même.
Bon sang.
Ziggy ça a été mon idéal de "tout ce que je veux être dans la vie, un joue je serais Ziggy" et ce malgré cet immonde body japonais, oui, David, je l'ai vu en vrai ce body, assume le.

J'ai regardé les lives de  Ziggy Stardust and the Spiders from Mars.
J'ai dl en scred sans sous titres L'homme qui venait d'ailleurs (tuez moi ce film a eu beaucoup trop d'impact sur mon existence, j'en rêve encore et je l'ai pas vu depuis 10 ans, il est dans mon étagère j'ose paaaaaas le regardeeeeeer), j'ai regardé toutes les interviews d'époque de Bowie disponibles sur un youtube balbutiant, et ce durant des années (oui ma frénésie a duré de mes 13 ans jusqu'au lycée) .

Et puis quand j'ai été calmé, je me suis mis à lire, à regarder les autres films dans lequel était Bowie (alors, Bowie en Tesla : explosion de nerdisme) (regardez Le Prestige, y'a DAVID BOWIE en MOTHERFUCKING NIKOLA TESLA dedans. ) (et un peu Christian Bale, Scarlett Johansson, et Hugh Jackman, mais who cares. Bowie. Tesla. toi voir. ).
J'ai découvert Labyrinthe, et la certitude que j'aurais laissé mon petit frère transformé en gobelin pour écouter le Roi des Gobelins me chanter des chansons jusqu'à la fin des temps, tranquille.



Bowie s'était installé dans mon coeur.
Il n'était pas beau comme "ouah il est trop beau, tombons-on in love" non, beau dans le genre "oeuvre d'art qui marche parmi les hommes, cet être humain est réel, pincez moi."
Il était bon musicien pas genre "ouah, qu'est-ce qu'il est bon musicien, j'adore" mais genre "il a changé le monde de la musique, il en a profité pour révolutionner la mode, il a inventé des algorithmes pour écrire ses chansons c'est un génie absolu".
Et des exemples comme ça j'en ai des tas.

Il est devenu ma référence.
Mon bonheur.
Mon héros.
Il a prit une place spéciale dans mon coeur. La place d'un être exceptionnel qui m'a toujours poussé, toujours motivé, qui m'a fait grandir.
Il m'a suivit depuis ma naissance réelle, la découverte de la musique, ce qui a entraîné tout un cheminement qui m'a guidé jusqu'ici, aujourd'hui.
J'ai en quelque sorte toujours jeté un oeil sur ses pas en construisant mon propre chemin.
Il est le monolithe indéracinable de ma vie.
Mon repère.
Mon Bowie. 


J'ai prit l'habitude de me dire:
Si un jour, je réussi, peut-être qu'au détour d'un repas, je rencontrerais Bowie.
Et ce jour là.
Qu'est-ce que je lui dirais?
"Bonjour. "
Oui, bien sûr que je lui dirais bonjour. Est-ce qu'il va répondre? Non. Trop de gens qu'il ne connait pas le saluent tout le temps. Il va certainement sourire avec ce petit hochement de tête. Bon. Ensuite.
"Je..."
Qu'est-ce que je peux dire?
Qu'est-ce que je peux lui dire qu'il n'a pas déjà mille fois entendu? Qu'est-ce que je peux dire à quelqu'un qui a tellement changé ma vie, qui a fait battre mon coeur tellement longtemps, que je reconnais à la première note, que j'aime pour de multiples raisons...
Qu'est-ce que je peux dire à cet homme qui compte tellement pour moi, qui a ouvert mes yeux?
"Je voudrais vous remercier. D'avoir fait de moi ce que je suis."
Oui, voilà, je pourrais lui dire ça.
Je devrais lui dire ça, d'ailleurs.
C'est la seule chose que j'ai à lui dire.
Parce que je voudrais lui parler de tellement de choses. De son courage d'avoir laissé Ziggy derrière lui. De ses peintures. De l’Angleterre, et de l’Allemagne. De l'Homme qui venait d'Ailleurs et D'Elephant Man.
Mais au final, la seule chose que je voudrais lui dire vraiment c'est ça.
"Merci."

Je me l'imaginais souvent.
Est-ce qu'il aura ces yeux là? Les yeux de Bowie.
Bien sûr.
C'était pour moi une évidence.
Un leitmotiv.
Cet homme est en vie quelque part, cet homme qui a changé ta vie.
Et si tu te donnes assez à fond, que tu travailles assez dur, tu pourras peut-être un jour lui dire merci.





En ce matin de janvier.
Le 10 janvier 2016.
C'est ça que j'ai perdu.

Il est parti.
Et un morceau de mon coeur est parti avec lui.
Ses pas se sont arrêtés.
Je ne pourrais plus les regarder en traçant mon chemin.
Et ça me fait tellement mal.

Il me manque.
C'est terrible.
Je n'ai pas de mots.
Ce n'était pas un proche, ce n'était pas un membre de ma famille, c'était... C'était Bowie.
C'était mon Bowie, mon espoir, ma voix dans le noir, mon leitmotiv.


Le 10 janvier 2016 je suis allé chez le perceur pour lui demander de me percer en plein milieu du visage.
Pour que je le souvienne à chaque fois que je me regarde dans le miroir que ma vie a changé. Qu'il n'est plus là.
Mais que ça ne doit pas être négatif.
Il n'est plus là pour que je m'appuie sur son ombre gigantesque, mais je me servirais du chemin qu'il a tracé pour construire le mien. Je prend les bonnes décisions.
Je ne faillirait pas. 






Et au final, il fallait que je le dise.

"David.
Monsieur Bowie.

Merci.
Merci plus que tout pour ton existence sur cette terre.
Merci d'avoir été grand, et noble. Merci d'avoir donné ta voix.
Merci de m'avoir changé.
Lors de cette exposition à Paris, quand j'ai vu tes costumes, lu les textes écrits de ta main, j'avais cette impression, cette énergie qui me traversait, comme un retour surpuissant de tout ce que tu m'as donné au cours de ces quinze ans maintenant en ta compagnie.
J'en ai pleuré.

Merci.
Tu me manques.
Je t'aime pour toujours.
Jamais je ne parlerais de toi au passé. "